L’Europe est chef de file de la transformation ESG, mais n’exploite pas pleinement les opportunités
Rapport PwC 2022 financement ESG : l’opportunité de croissance du siècle
12 novembre 2020
Bruxelles, 12 novembre 2020 – Dans son dernier rapport « 2022 – The growth opportunity of the century », PwC s’attarde sur la position de leader mondial de l’Europe en matière d’investissement durable sur la base des critères ESG (environnementaux, sociétaux et de gouvernance). L’évolution vers l’investissement responsable ne sera qu’accentuée par quatre catalyseurs : la réglementation, la surperformance des fonds ESG, la demande croissante des investisseurs et les changements sociétaux. Le rapport identifie un besoin urgent pour les gestionnaires d’actifs de parvenir à une intégration complète des critères ESG, tant au niveau de leurs stratégies business que de leurs activités.
L’Europe en pole position
Rien qu’en Europe, PwC prévoit que les actifs sous gestion (AuM) des fonds ESG représenteront plus de 50 % du total des actifs des fonds d’investissement européens à l’horizon 2025. Cela équivaut à un taux de croissance annuel composé (CAGR) de pas moins de 28,8 % entre 2019 et 2025. Selon PwC, les actifs ESG européens se situeront entre 5,5 billions et 7,6 billions d’euros d’ici 2025, ce qui représentera entre 41 % et 57 % des actifs totaux des fonds d’investissement en Europe à la même date. Cette évolution marque une augmentation de 15,1 % par rapport à 2011.
Marc Daelman, Partner chez PwC Belgique : « Bien que l’investissement durable constitue une évolution rapide et importante, il est encore trop souvent perçu comme un produit comme un autre. L’application des critères ESG affecte néanmoins l’ensemble du paysage d’investissement et représente une avancée vers des conditions de concurrence équitables entre les critères financiers et non financiers. Comme l’a souligné la Commission européenne, le secteur public ne peut pas prendre seul en charge les importants investissements nécessaires à la transition vers une économie verte et durable. Les gestionnaires d’actifs peuvent apporter des changements positifs en réorientant les capitaux vers des entreprises et des innovations durables. Ils contribueront, de cette façon, à la création d’une économie circulaire, à faible intensité de carbone et respectueuse du climat, ainsi qu’à l’intensification des efforts pour lutter contre les inégalités sociales dans le monde. »
Réglementation : les décideurs politiques accélèrent le changement
La principale raison pour laquelle l’Europe se distingue du reste du monde ? Son solide cadre législatif et réglementaire. Tant le plan d’action de l’UE que le règlement sur la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers (SFDR) constituent des jalons dans le secteur. Dans ce contexte, le financement durable ne sera plus une considération sans engagement, mais une préoccupation centrale pour le secteur européen des fonds. Dès 2021, plusieurs nouvelles réglementations entreront en vigueur et les réglementations existantes seront alignées sur les exigences de durabilité.
Marc Daelman : « Nous avons assisté à un changement majeur, en passant d’une réglementation et d’initiatives volontaires à une législation stricte et contraignante. À mesure que le cadre réglementaire s’élargit, les entreprises non durables verront leur capital diminuer et les secteurs qui ne respectent pas les règles seront désavantagés. La nouvelle réglementation attendue donnera naissance à toute une série de nouvelles normes non financières pour les investisseurs, les conseillers financiers et les acteurs du marché financier. Le changement est imminent et le secteur n’a d’autre choix que de s’adapter, non seulement pour se conformer, mais aussi pour prospérer dans ce paysage où les investissements durables sont non plus une option, mais une obligation. »
Surperformance de l’ESG : l’écart se creusera encore à l’avenir
Selon l’analyse de PwC, les fonds liés à l’ESG ont enregistré un résultat cumulé de 9 % supérieur par rapport à leurs équivalents traditionnels au cours de la période 2010-2019. La Covid-19 met également en évidence les meilleures performances des fonds ESG dans des conditions de marché difficiles. Tandis que les catégories d’investissement traditionnelles ont connu des dépenses presque inédites au premier trimestre de 2020, l’impact financier de la pandémie a été moins prononcé pour les fonds ESG, qui ont réalisé de meilleures performances que le reste du marché. Cette tendance est également confirmée par une analyse de Bloomberg, qui indique que le fonds ESG moyen a diminué de 12,2 % en 2020, soit moins de la moitié de la baisse du S&P 500.
Marc Daelman : « Selon nos estimations, cet écart de performance entre les produits ESG et non ESG se creusera encore considérablement à l’avenir. La préoccupation de longue date selon laquelle les produits ESG sont financièrement moins rentables sera complètement renversée. Nous nous attendons, au contraire, à ce que les produits d’investissement ESG constituent une source de rendement plus importante que leurs équivalents traditionnels. La Banque européenne d’investissement (BEI) entend d’ores et déjà renforcer son rôle de banque du climat de l’UE et stimuler davantage les investissements ESG. Ce qui suggère que ce changement est déjà en cours. »
L’explosion de la demande des investisseurs ne laisse pas le choix au secteur
Les investisseurs prennent la tête de cette révolution verte et exigent des gestionnaires d’actifs qu’ils gèrent leur capital de manière durable. Si les segments tant institutionnel que du détail manifestent un intérêt croissant pour l’investissement durable, ce sont principalement les investisseurs institutionnels qui prennent les devants. Notre étude révèle que 99 % des investisseurs institutionnels interrogés s’attendent à une convergence entre les produits de fonds ESG et non ESG. Une écrasante majorité espère d’ailleurs assister à cette convergence d’ici 2022. Le segment des investisseurs particuliers reste en queue de peloton, mais rattrape rapidement son retard. À ce jour, seuls 41 % des investisseurs de détail interrogés intègrent des considérations ESG dans leur stratégie d’investissement.
Marc Daelman : « À mesure que la génération des millenials deviendra plus active, les investisseurs de détail seront de plus en plus enclins à prendre en considération les critères ESG. Quand on sait que ces millenials “hériteront” ensemble d’un montant record de 41 billions de dollars dans le monde et que 95 % de ce groupe d’investisseurs s’intéressent à l’investissement durable, il n’est pas surprenant que cette nouvelle génération d’investisseurs remodèle l’avenir de l’investissement. »
Des attentes sociétales en mutation rapide
Ces dernières années, le discours mondial a considérablement évolué vers une reconnaissance croissante des risques auxquels le monde s’expose lorsque les questions de durabilité (et donc aussi les questions ESG) sont négligées. Le rapport prévoit, en outre, que la pandémie de Covid-19 et le ralentissement économique qui en résulte agiront comme un catalyseur pour une nouvelle prise de conscience de la société à l’égard des questions de durabilité. 97 % des répondants affirment que la pandémie aura un impact sur leur approche ESG à l’avenir.
« Il va sans dire que la Covid-19 a changé la donne en 2020. Il ne serait pas surprenant que, dans le sillon de la pandémie, les régulateurs décident d’intensifier leur surveillance des modalités d’intégration des risques ESG dans le processus d’investissement. Le secteur de la gestion d’investissements et d’actifs a jusqu’à présent joué un rôle clé dans l’atténuation des risques de durabilité et dans la satisfaction des attentes sociétales en allant au-delà de son mandat. Ce rôle devra néanmoins être rapidement adapté aux exigences croissantes du législateur et des investisseurs, dans la mesure où de nouvelles règles d’investissement ESG seront fixées et où la demande ne cessera de croître », conclut Marc Daelman.
Vous trouverez le rapport complet ici.