Les dirigeants d’entreprise belges constatent une croissance au niveau mondial et une stagnation en Belgique
Les dirigeants d’entreprise risquent de rater le coche de l’IA faute d’amélioration des compétences
20 janvier 2025
Malgré la menace de conflits incessants et la montée du protectionnisme, trois dirigeants d’entreprise sur cinq se disent optimistes quant aux perspectives économiques mondiales. Ils prévoient d’embaucher davantage de personnel et de continuer à déployer l’IA. Il en va de même pour les dirigeants d’entreprise belges, bien que beaucoup plus optimistes à l’égard de l’économie mondiale qu’à l’égard de l’économie belge.
- Au niveau mondial, 60 % des dirigeants d’entreprise prévoient une croissance économique, ce qui constitue une forte augmentation par rapport à ces dernières années. Ils étaient seulement 38 % en 2024 et à peine 18 % l’année précédente. Les dirigeants d’entreprise belges anticipent une croissance de l’économie mondiale comparable à celle prévue par leurs homologues internationaux. Ils sont cependant plus pessimistes quant à l’économie nationale. Seul un dirigeant belge sur trois (34 %) prévoit une croissance économique dans notre pays, un pourcentage similaire à celui de l’an dernier. On peut dès lors affirmer que les dirigeants belges sont devenus beaucoup plus optimistes pour l’économie mondiale, mais pas pour l’économie nationale.
- Au niveau mondial, plus de quatre dirigeants sur dix prévoient une hausse de leurs effectifs. En revanche, ils sont moins de deux sur dix à envisager une réduction du personnel. Il est intéressant de constater que, malgré l’annonce récente d’un nombre record de licenciements collectifs et de faillites, les résultats belges montrent une tendance similaire : un dirigeant sur trois prévoit des recrutements supplémentaires (34 %) et seul un sur huit envisage de nouveaux licenciements (13 %).
- Une enquête sans IA semble pratiquement impossible. Selon l’enquête de PwC, 56 % des entreprises travaillent déjà plus efficacement grâce à l’IA. Une entreprise sur trois a vu sa rentabilité et ses revenus augmenter. Bien qu’aucun chiffre clé ne soit disponible à ce sujet pour la Belgique, les tendances dans notre pays vont dans le même sens.
- L’innovation est importante : quatre dirigeants sur dix estiment que leur entreprise pourrait disparaître d’ici dix ans si elle n’innove pas. En Belgique, ce chiffre représente un peu plus de la moitié (53 %).
- La couverture médiatique récente à propos du climat montre qu’il est nécessaire de se concentrer sur la durabilité. Des chiffres concrets confirment qu’il s’agit également d’une stratégie gagnante pour les entreprises. Au niveau mondial, les investissements dans la durabilité ont six fois plus de chances d’augmenter les ventes que de les diminuer.
Chaque année, le cabinet de services professionnels PwC interroge plusieurs milliers de dirigeants d’entreprise afin de connaître leurs perspectives pour l’année à venir. Cette année, l’enquête de PwC a été réalisée auprès de quelque 4.700 dirigeants d’entreprise dans 109 pays. Parmi ceux-ci, 42 % prévoient d’augmenter leurs effectifs d’au moins 5 %, soit une légère augmentation par rapport à 2024. Les chiffres sont un peu moins élevés pour la Belgique, avec 34 % d’embauches et 13 % de licenciements, mais le bilan reste positif.
L’augmentation est la plus marquée dans les entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur ou égal à 100 millions de dollars et principalement dans les secteurs de la technologie et de l’immobilier, où 61 % prévoient des embauches supplémentaires. Une majorité de dirigeants du secteur pharmaceutique (52 %) et des sciences de la vie (51 %) prévoient également d’embaucher davantage.
Malgré cet optimisme, la volatilité macroéconomique (29 %) et l’inflation (27 %) restent les principales préoccupations. Il existe cependant des différences régionales. Au Moyen-Orient (41 %) ainsi qu’en Europe centrale et occidentale (34 %), les conflits géopolitiques sont perçus comme le risque majeur. En Europe occidentale, la volatilité macroéconomique (29 %) est la principale préoccupation, suivie des risques cybernétiques (27 %), du manque de main-d’œuvre qualifiée (25 %) et de l’inflation (24 %). En Belgique, les dirigeants redoutent principalement la volatilité macroéconomique (44 %) et l’inflation (38 %).
« Les dirigeants d’entreprise belges voient le reste du monde aller de l’avant, mais ont l’impression que nous stagnons ou que nous n’évoluons pas assez vite. Sur une note plus positive, les dirigeants sont toujours plus nombreux à envisager d’embaucher plutôt que de licencier du personnel, malgré une année record négative en 2024. Mais cette sombre perspective appelle à la mise en place d’un environnement économique stable dans notre pays. Les parties aux négociations fédérales exercent en effet une influence significative sur les deux principales préoccupations des dirigeants d’entreprise de notre pays : la volatilité macroéconomique et l’inflation », précise Patrick Boone, président de PwC Belgium.
Il est impératif de se réinventer
Depuis plusieurs années, quatre dirigeants sur dix estiment que leur entreprise disparaîtra d’ici dix ans s’ils ne changent pas leur manière de travailler (42 % au niveau mondial, 44 % en Belgique). Les dirigeants mettent cependant des initiatives en œuvre. La moitié des dirigeants belges affirment que leur entreprise a exploré de nouveaux secteurs ou industries au cours des cinq dernières années (38 % au niveau mondial). Aussi, 47 % ont développé des produits ou services innovants (38 % au niveau mondial) et 44 % ont revu leurs tarifs (24 % au niveau mondial). Au niveau mondial, les entreprises qui ont pris davantage de mesures pour se réinventer au cours des cinq dernières années ont également généré des revenus plus élevés.
En Belgique, quatre dirigeants sur dix ont constaté qu’une partie de leurs revenus provenait d’activités entièrement nouvelles (41 %), bien que l’expansion des activités existantes (78 %) et les activités de base de l’entreprise (94 %) demeurent les sources de revenus prédominantes.
L’IA semble prometteuse mais doit à présent faire ses preuves
Trois quarts des dirigeants ont intégré l’IA générative au sein de leur entreprise au cours de l’année écoulée (75 % en Belgique, 83 % au niveau mondial), confirmant que cette technologie semble bien établie. Bien que plus de la moitié des dirigeants au niveau mondial (56 %) observent des gains d’efficacité chez leurs collaborateurs et qu’un tiers ait également constaté une augmentation des revenus grâce à l’IA, une partie des dirigeants reste néanmoins sur sa faim. En effet, 46 % espéraient plus de bénéfices grâce à l’IA l’année dernière, mais seuls 32 % y sont parvenus.
La confiance envers l’IA reste un obstacle à son adoption plus large. Environ trois dirigeants sur dix ont suffisamment confiance dans la technologie pour l’utiliser au sein des processus de base de leur entreprise (33 % au niveau mondial, 28 % en Belgique).
Mais cela n’entame pas complètement l’enthousiasme. Près de la moitié (49 %) espèrent accroître leur rentabilité cette année grâce à l’IA. Presque autant de dirigeants (47 % au niveau mondial, 53 % en Belgique) s’attendent à ce que l’IA et l’IA générative intègrent leurs plateformes technologiques au cours des trois prochaines années. Quatre sur dix (41 % au niveau mondial et en Belgique) estiment que l’IA jouera un rôle dans les processus de base de leur entreprise, et trois sur dix (30 % au niveau mondial, 28 % en Belgique) prévoient de développer de nouveaux produits ou services avec l’IA.
Une vision plus mature de l’IA ?
L’impact sur le personnel semble par ailleurs être relativement limité. Au niveau mondial, les dirigeants sont plus nombreux à embaucher du personnel supplémentaire grâce à l’IA (17 %) qu’à en supprimer (13 %). Toutefois, les dirigeants ne semblent pas exploiter pleinement le potentiel de leur personnel. Près d’un tiers (31 % au niveau mondial, 38 % en Belgique) prévoient d’intégrer l’IA dans leur stratégie d’emploi. Cela soulève des questions, car la valeur ajoutée de l’IA ne peut s’exprimer que par des collaborateurs qui savent où et quand intégrer l’IA dans leur travail et qui connaissent également les pièges à éviter.
D’autant plus que deux dirigeants belges sur trois (65,5 %) ne prévoient l’amélioration des compétences que d’un quart de leur personnel au cours des douze prochains mois. À peine un quart des entreprises formera au moins la moitié de son personnel. En effet, cette année, les dirigeants belges sont moins convaincus de la nécessité d’enseigner de nouvelles connaissances à leur personnel que l’an dernier. Le nombre de dirigeants qui ne pensent pas que la majorité du personnel devrait acquérir de nouvelles compétences au cours des trois prochaines années est en nette augmentation (+13 %).
Les dirigeants restent optimistes quant aux possibilités offertes par l’IA, mais sont davantage conscients des défis à relever pour rendre cette technologie plus rentable encore dans leur entreprise. Le nombre de PDG convaincus que l’IA contribuera fondamentalement à créer de la valeur pour l’entreprise ou augmentera sa compétitivité au cours des trois prochaines années a chuté de près de 19,8 %.
Investir dans la durabilité rapporte
Interrogés sur l’impact financier des investissements en durabilité au cours des cinq dernières années, un dirigeant sur trois au niveau mondial (33 %) a déclaré avoir vu son chiffre d’affaires augmenter en conséquence. Seuls 5 % ont signalé un impact négatif. En outre, deux dirigeants sur trois ont indiqué que ces investissements permettaient de réduire les coûts ou n’avaient pas d’impact sur leurs coûts.
Malgré leurs résultats positifs, il reste difficile de lancer de tels investissements. La réglementation complexe est le principal obstacle (24 %) empêchant les entreprises de démarrer leurs investissements. Un faible retour sur investissement (18 %) ou un manque d’engagement de la part de la direction (6 %) sont moins souvent cités.
« Les résultats montrent que l’investissement dans les deux métatendances du moment, à savoir l’IA et le climat, est payant. Les pays anglo-saxons ont déjà une longueur d’avance en matière d’IA. Il serait dommage que les dirigeants d’entreprise de notre pays tergiversent trop longtemps avant de prendre ce train en marche. Investir dans son propre personnel est donc crucial et constitue une opportunité que nous risquons actuellement de manquer de manière collective », conclut Patrick Boone.