Le consommateur peu enclin à partager ses données de paiement

La protection des données reste préoccupation pour les belges en matière de paiements mobiles aussi

Mardi 19 novembre 2019 — Près d’un an après l’entrée en vigueur de la directive européenne PSD2 sur les services de paiement, nous sommes loin d’un « système bancaire ouvert » dans lequel les entreprises auraient accès aux données bancaires des consommateurs. À peine 20 % des consommateurs européens sont en effet prêts à partager leurs données de paiement afin de pouvoir bénéficier d’autres services ou offres. Et s’ils y consentent, ils ne font pas pour autant confiance aux entreprises de la fintech comme N26, Revolut ou Bunq ni aux géants du web comme Google et Facebook. Leur préférence va à leur propre banque. C’est ce que révèle une étude de Strategy&, l’entité de conseil stratégique de PwC.

Depuis la crise financière de 2008, une vague d’innovation a changé la donne pour les banques traditionnelles, qui doivent désormais faire face à la concurrence de nouveaux acteurs comme les entreprises de la fintech. Depuis la révision de la directive européenne sur les services de paiement (Payment Services Directive ou PSD2), l’open banking s’invite en Europe aussi. L’open banking vise à transformer le secteur financier en un système ouvert qui permet aux consommateurs d’acheter un produit ou un service chez l’acteur de leur choix en fonction de la meilleure expérience client. Les consommateurs européens sont pourtant encore loin d’adhérer pleinement à ce système bancaire ouvert. 

Le consommateur ne veut pas que l’on regarde dans son portefeuille

Selon l’étude, les banques surestiment nettement la propension des consommateurs à partager leurs données bancaires. Les professionnels de la finance estiment en effet que plus de 93 % des consommateurs en Europe sont enclins à partager leurs données bancaires. À en croire les principaux intéressés, ils ne seraient toutefois que 20 % dans le cas, à condition que l’entreprise soit un établissement de confiance et que le partage des données se traduise par des avantages intéressants. 58 % des consommateurs déclarent même n’être absolument pas intéressés par le partage de leurs données financières, de quelque nature que ce soit. ​ 

« La différence entre ce que pense le professionnel et ce que veut le consommateur pourrait difficilement être plus tranchée. Cela montre clairement que nous sommes encore loin d’un système bancaire ouvert mature en Europe. Un “big bang” sur le marché financier belge n’est donc pas pour tout de suite. Le consommateur peine encore à percevoir les nombreux avantages de ce système ouvert. Le principal obstacle ? Ses préoccupations en matière de sécurité. L’aspiration à mettre ce système bancaire ouvert en place a pourtant déjà radicalement redessiné le paysage financier en Europe. Ainsi, il y a quelque semaines, il a été communiqué que 20 banques européennes travaillent ensemble depuis quelques mois à la création d'un système de paiement pan-européen (PEPSI).  De plus en plus de banques en Belgique et en Europe se sont lancées dans la course à l’innovation numérique et nouent des partenariats avec des acteurs non traditionnels, comme des entreprises de la fintech et des entreprises actives dans le traitement de données », explique Fernand Dimidschstein, Partner chez Strategy&.

Le liquide reste plébiscité par la moitié des consommateurs

En Europe, le liquide reste roi : pas moins de 47 % des consommateurs le privilégient en effet pour leurs paiements du quotidien. Les raisons sont avant tout pratiques : ils n’ont que de l’argent liquide à disposition (37 %) ou l’utilisent pour sa facilité d’emploi (29 %).

Le consommateur belge ne croît pas non plus à une société sans cash. La récente étude « Mobile Payments 2019 » de PwC révèle que 95 % des consommateurs belges pensent que l’argent liquide sera toujours couramment utilisé dans les cinq prochaines années. Ils se montrent en revanche ouverts à de nouvelles méthodes de paiement, comme les paiements mobiles. Avec un pourcentage d’utilisation de 47 %, les paiements mobiles s’avèrent ainsi déjà largement utilisés en Belgique. C’est presque autant qu’aux Pays-Bas (51 %) et même considérablement plus que dans d’autres pays comme l’Allemagne (25 %), l’Autriche (32 %) et la Suisse (35 %). D’après les estimations, les paiements sur smartphone en Belgique devraient encore augmenter pour atteindre pas moins de 68 %. Il n’en demeure pas moins qu’environ 30 % des Belges se disent préoccupés par la protection des données dans le cadre de paiements mobiles.

La confiance dans les banques : le moteur de l’open banking

Le partage de données bancaires n’est une idée populaire nulle part en Europe. Deux tiers des Européens refusent même de donner accès à leurs données personnelles à qui que ce soit. Les établissements les plus dignes de confiance pour l’échange de données sont les banques traditionnelles (21 %), suivies par les fournisseurs externes de services de paiement (11 %). Fait notable : à peine 4 % des consommateurs font confiance aux entreprises de la fintech et seuls 7 % aux géants du web.

La situation est similaire en Belgique. Plus de neuf clients sur dix considèrent leur établissement bancaire local comme une banque reconnue, fiable et compétente. 88 % des Belges recourent aux produits et services de leur agence locale et 67 % font aussi confiance à leur banque locale.

« Ces chiffres démontrent que c’est en sa propre banque que le consommateur a le plus confiance en matière de données à caractère personnel. L’open banking ne pourra devenir réalité qu’à condition que les banques fassent des attentes de leurs clients leur première priorité dans leur offre de services. Le fait que la confiance dans les banques soit plus grande que dans les fintechs ou les entreprises actives dans le traitement de données peut être perçu comme une opportunité de créer un modèle de paiement européen solide. Les banques peuvent faire la différence en recourant à la technologie pour rendre les paiements électroniques aussi simples et transparents que les transactions en liquide », conclut Fernand Dimidschstein, Partner chez Strategy&.

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